En cette période d’épidémie, les prêtres de Saint-Louis d’Antin vous proposent des méditations quotidiennes



Méditation du Jeudi 14 mai 2020

Demeurez dans mon amour

L’Évangile d’aujourd’hui nous invite à réfléchir sur deux actions fondamentales pour les disciples de Jésus: demeurer et aimer. Jean dans son récit nous présente Jésus dans une relation intime avec Dieu le Père. Il annonce aux disciples que la source de son amour pour eux est l’amour que le Père a pour lui: comme le père m’a aimé, moi aussi je vous ai aussi aimés. Une relation amoureuse qui relie Dieu qui envoie et l’Envoyé. Puisque le Père aime son Fils avec un amour intime, Jésus ordonne à ses disciples de faire partie de cette communion en demeurant dans son amour. Demeurer ne signifie pas rester immobile, attendre que quelque chose se produise, mais bien au contraire, cela implique de guider nos vies dans le style de Jésus accomplissant ses commandements.

Être un disciple qui demeure dans l’amour de Jésus signifie «faire» quelque chose. Si la vie de Jésus est basée sur l’accomplissement de la volonté du Père et qui le maintient dans son amour, les disciples doivent faire de même en la personne de Jésus. La joie générée par l’amour, la communion, la permanence et l’intimité avec le Père sera également présente chez les disciples qui ont maintenu leur foi dans le Maître. Jésus insère ainsi les disciples dans « une chaîne d’amour » qui doit être vécue et transmise.

L’amour de Jésus a établi de nouvelles relations. Ses disciples ne sont pas des serviteurs soumis aux autres, mais des amis, des compagnons proches, qu’il aime sans limites. Ils ont été choisis par Lui et seront envoyés pour porter du fruit et ce fruit durera. Les paroles du Seigneur sur le choix des disciples et leur nouvelle situation en tant qu’amis se terminent par une confirmation du commandement de l’amour. Demeurer en Jésus et porter beaucoup de fruits fait de notre monde un monde de frères, où l’amour est ce qui caractérise les relations humaines. L’amour à l’extrême de Jésus est ce qui devrait définir la vie du disciple, ce que Jésus a fait pour chacun de nous exige que nous nous aimions comme il nous a aimés. Le croyons-nous vraiment? Sommes-nous prêts à rester dans son amour et à nous laisser transformer par Lui?

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Mercredi 13 mai 2020

Ici nous avons une nouvelle image de la résurrection :  Voici la vigne.  Jésus dit :  je suis la vigne, comme il a dit je suis le pain,  je suis la porte des brebis,  je suis la vérité,  je suis la vie.  Chaque fois c’est une déclaration à peine voilée de sa divinité.  Mais la vigne évoque l’image du peuple que Dieu s’était choisi parmi tant d’autres peuples et qu’il avait avec amour transplantée puis il avait cultivée avec un soin tout particulier la protégeant de tout danger.  Mais voilà que Dieu a été déçu.  La vigne n’a pas donné ce que l’on attendait d’elle.  Comme Adam qui avait été créé pour Dieu et s’était détourné de Dieu, la vigne qui donne du verjus au lieu de beaux et de bons raisins est également une image du péché.  Mais Jésus vient réparer ce mal.  Il sera le bon surgeon de cette vigne qui a mal tourné.  Il réalise la volonté du Père :  je fais ce que le Père m’a ordonné.  Et ce faisant, il entraîne avec lui tous ceux qui se greffent sur lui.  Alors ne faisant plus qu’un la même sève coule de lui à eux et il donne sa vie à ses disciples.  Ce courant de résurrection qui passe du cep aux sarments s’épanouit en fruits abondants.  Et c’est la gloire du Père que ces fruits de résurrection, tant il est vrai qu’il avait, dès l’origine, voulu l’homme pour cela !  En l’humanité de Jésus est inauguré un peuple nouveau.  De même qu’il est un nouvel Adam Jésus est la vigne nouvelle.  Ses disciples dans la mesure où ils sont rattachés solidement à lui forment avec lui cette belle vigne qui s’étend de la montage à la mer c’est-à-dire d’un bout du monde à l’autre du début à la fin de l’Histoire.

P. Joseph Hunt


Méditation du Mardi 12 mai 2020

Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ». (Jn 14)

Beaucoup de mots dans l’évangile, comme la « paix », prennent un nouveau contour et un nouveau contour, parce que Jésus les a vécus réellement d’une manière qui lui est propre. Son attitude contraste radicalement avec l’esprit du monde.

Par exemple, la Seigneurie du Christ n’est pas celle des empereurs. Sa notion du pouvoir n’est pas celle de la logique du maître et de l’esclave, dans laquelle le maître peut vérifier sa force par la menace et la destruction. La domination du Christ se vérifie par le lavement des Pieds, son entretien avec Pilate et le don de lui-même sur la croix. De la même manière, la compréhension de l’amour du prochain, de l’obéissance, de la paix est à reprendre à la lumière dont Jésus les a personnellement vécus.

Quand nous y réfléchissons, l’enjeu de la vie spirituelle n’est pas tant d’analyser comment nous réagissons à ces grandes notions, mais de de voir comment Jésus les a accomplies et comment nous pouvons l’imiter.

P. Antoine Devienne


Méditation du Lundi 11 mai 2020

Le Seigneur Jésus Christ promet aux disciples l’Esprit Saint qui les éclairera sur tout ce qu’il leur a lui-même enseigné. Lui, il enseigne en paraboles. L’Esprit Saint viendra et aidera au discernement de ce que le Christ a enseigné. Il accorde aussi la force d’accomplir des œuvres qui accompagnent la prédication quand il le faut.

 Pour s’ouvrir à l’Esprit Saint, nous sommes appelés à aimer le Christ qui nous le promet. Et le signe que nous l’aimons, c’est recevoir ses commandements et les mettre en pratique. Et si nous l’aimons, lui, le Père aussi nous aimera, car lui-même nous aimera. Et il se manifestera en nous. Le Christ dit en effet : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».

A qui s’adresse cette parole ? Aux apôtres seuls ? Aux seuls disciples d’antan ? Cette question a sa réponse dans le dialogue du Seigneur avec Jude. En effet, l’apôtre demande au Seigneur s’il va se manifester uniquement à eux et non pas au monde. Jésus répond que cette grâce est accordée à quiconque l’aime : tous ceux qui gardent sa parole, sans aucune distinction. Il va même jusqu’à promettre : « nous viendrons chez lui et, chez lui, nous ferons notre demeure ». Ce qui revient à dire « nous habiterons chez lui ».

Ceux en qui cette parole se réalise, le Seigneur accomplit en eux les merveilles qu’il a promises pour le bien de son peuple. Ainsi, les disciples ont accompli des signes grandioses aux yeux des hommes, si bien que les hommes ont résolu de leur offrir un sacrifice comme à des dieux. Mais, un exemple à ne pas perdre de vue, Paul et Barnabé réagissent : « Pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi nous sommes des hommes pareils à vous ». Ils refusent d’être mis à la place de Dieu : « Nous ne faisons que vous annoncer la Bonne Nouvelle ». Nous ne sommes que des serviteurs. C’est à Dieu lui-même qu’il nous faut tous offrir ce sacrifice. Et ils ajoutent une leçon pour cette foule : « Détournez-vous de ces pratiques, et tournez-vous vers le Dieu vivant, lui qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent ».

Chers frères et sœurs, c’est l’Esprit Saint qui donne la grâce d’aimer Dieu, de recevoir ses commandements et les garder ; c’est lui qui donne la grâce d’accomplir ce qui est nécessaire au salut de ceux qui l’attendent de lui. Demandons-lui de les accomplir en nous, à travers nous, comme le veut le Père. Demandons-lui d’être ceux que le Père utilise pour sauver, libérer ceux qui crient vers lui nuit et jour. Et en toute circonstance, clamons vers Dieu : « Non pas en nous, Seigneur, mais à ton nom, donne la gloire ».

Ainsi soit-il.

P. Marcel Etuamina


Méditation du Dimanche 10 mai 2020

Quelle est ta foi ?

Il est regrettable que la foi chrétienne soit trop souvent identifiée à des principes, une morale ou encore des valeurs, fussent-elles qualifiées d’évangéliques.

Heureusement beaucoup de personnes non croyantes sont d’une rectitude morale exemplaire et d’une générosité édifiante. Les chrétiens n’ont pas le monopole de la droiture et de la charité… certains prétendent même que nous en manquons souvent !

La foi procède d’une rencontre avec la personne du Christ. Cette rencontre est l’expérience fondatrice de toute vie chrétienne authentique. La catéchèse transmise aux enfants n’a pas d’autre objectif que de créer les conditions pour que la rencontre ait lieu. Jésus de Nazareth n’est pas un bruit qu’on fait courir et l’Eglise n’est pas l’association de ses amis qui souhaitent entretenir sa mémoire. Elle est l’assemblée de ceux qui ont expérimenté sa présence vivante et active dans leur vie.

Chaque chrétien n’a pas à réinventer le contenu de sa foi. La foi a un contenu propre, celui de la Parole de Dieu. Avoir la foi, c’est croire ce que dit Dieu, et rien que cela. C’est accepter de renoncer à me fabriquer le Dieu qui m’arrange pour découvrir et accueillir Celui qui se révèle par sa Parole.

La foi, c’est aussi attendre ce que Dieu promet. Si j’attends autre chose je ne peux qu’être déçu !

Beaucoup de chrétiens sont restés à la foi de leur enfance. Tout leur être s’est modifié : ils ont connu un développement physique, psychique, intellectuel et affectif, mais leur foi est infantile. Ils n’ont pas la foi de leur âge. La foi a pourtant besoin d’être constamment informée, nourrie… sinon comment peut-elle éclairer les grandes questions de l’existence humaine.

On ne perd pas la foi comme on perd un trousseau de clefs !… mais on laisse s’étioler, se vider une foi qui n’est plus alimentée par la Parole de Dieu et la vie sacramentelle.

De nos jours, dans la société où nous vivons, nous ne pouvons plus nous contenter de « la foi du charbonnier »…. sous peine d’être discrédités. Ceux qui nous entourent nous demandent d’être capables de rendre compte de notre foi et de notre espérance. C’est une exigence et un cadeau qu’ils nous font !

 

P. Philippe Desgens


Méditation du Samedi 9 mai 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Vendredi 8 mai 2020

Je suis le chemin, la vérité et la vie

Avant son ascension, Jésus veut préparer ses disciples quand il ne sera plus avec eux sur terre. Nous, chrétiens du 21e siècle que connaissons toute l’histoire de Jésus, en entendant ce passage évangélique nous savons qu’Il veut encourager ses disciples en insinuant qu’eux aussi iront après sa mort dans « la maison de mon Père où il y a beaucoup de demeures », et qu’ils vont eux aussi ressusciter.

Il semble que les apôtres ne comprennent pas pleinement ses paroles. Et Jésus doit leur clarifier qu’il est le seul chemin, le vrai chemin qui mène à la vie, à la résurrection, et que c’est aussi le vrai chemin, dans notre séjour terrestre, qui nous conduit à vivre la vie avec pleinement de joie et d’espérance.

Avons-nous expérimenté que son chemin, sa vérité, remplissent nos cœurs de vie et de vie en abondance? Avons-nous expérimenté que si nous marchons sur un autre chemin que celui que Jésus nous indique, nous nous éloignons de notre bonheur et nous commençons à «passer de son besoin», comme le fils prodigue?

Prêtons attention à la Parole de Jésus, que nous empruntions le même chemin pour pouvoir être, comme lui, dans la résurrection à une vie de bonheur total.

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Jeudi 7 mai 2020

Ces quelques mots du Seigneur suivent la scène du lavement des pieds.  Mais nous les lisons dans le temps de Pâques qui leur donne une force et une profondeur encore plus grandes.  En effet, le Seigneur vient de lier notre sort au sien.  Il s’est associé à notre humaine condition allant jusqu’au bout du service fraternel.  C’est un exemple dit le Seigneur et qui a d’autant plus de poids qu’il nous associe maintenant à sa mission :  Comme il a été envoyé, il nous envoie.  Nous sommes envoyés non seulement dans le même esprit de service mais surtout dans une participation semblable à celle qui le relie au Père.  Et ce n’est pas peu de chose puisque le Christ prend la peine de rappeler ici qu’il est égal au Père :  afin que vous croyiez que Je Suis.  C’est donc redire une fois de plus mais combien nous avons besoin de le réentendre que sa résurrection annonce la nôtre.  Car si lui peut dire Je Suis ce que seul Yahvé peut dire et s’il nous associe aussi étroitement à sa vie c’est que nous aussi de quelque manière, nous sommes en Dieu.  Le Fils procède du Père mais nous par pure grâce nous sommes de la graine de ressuscité.  Et notre mission (envoyés que nous sommes, comme le Fils est envoyé) qu’elle soit service de nos frères ou annonce de la parole est une mission divine.  Le Christ, qui bientôt va ressusciter, enseigne les futurs ressuscités que nous sommes.

P. Joseph Hunt


Méditation du Mercredi 6 mai 2020

Peut-être saviez-vous déjà que l’auteur des Actes des Apôtres est le même que celui de l’évangile qui porte son nom, saint Luc ? Ce fait est incontestable ; il ne pose aucun problème et montre que l’évangile et les Actes sont les deux volets d’un même récit. La grande différence est évidemment que l’évangile narre la mission de Jésus et que les Actes narrent celle des Apôtres. Ce qu’il y a d’étonnant dans l’un comme dans l’autre livre est de constater comment Jésus et ses Apôtres sont conduits par l’Esprit Saint. Il est en quelque sorte le commun dénominateur entre Jésus et ses Apôtres. C’est lui qui identifie les Apôtres au Christ et accomplit la communion entre eux. Le signe le plus évident en est la promesse que Jésus a faite de le leur envoyer. Cela se réalisa à la Pentecôte.

Je vous invite dans les lectures de la messe, en particulier dans la première lecture, à repérer les mentions faites de l’Esprit Saint dans les Actes des Apôtres. Quand vous aurez recensé les occurrences le concernant, vous serez étonnés de la place prépondérante qu’il tient, comme s’il animait, inspirait et dirigeait l’Eglise. La place remarquable des Apôtres, en particulier celle de Pierre et de Paul, tienne une place importante dans le récit, mais elle est subordonnée à l’initiative de l’Esprit Saint.

Ce petit constat nous invite à bien situer la hiérarchie des valeurs. Cela nous rappelle que celui qui, aujourd’hui, agit et conduit l’Eglise est bien l’Esprit Saint, et que le clergé, pape, évêque, prêtre, diacre, comme les consacrés, comme les fidèles laïcs, en sont les collaborateurs et les serviteurs.

 P. Antoine DEVIENNE


Méditation du Lundi 4 mai 2020

Esprit, es-tu là !

Souvent, lorsque Jésus parle à ses apôtres, ceux-ci ne comprennent pas et il lui arrive de s’en impatienter. Il leur promet alors l’Esprit Saint qui leur fera souvenir et comprendre tout ce qu’il leur dit. Ainsi donc, l’Esprit est mémoire et intelligence de la Parole de Dieu. Cet Esprit, reçu à notre baptême et à notre confirmation, produit en nous ce qu’il a produit dans les apôtres. Désormais la Parole de Dieu nous devient familière, comme l’est une langue maternelle. Cette Parole que l’on dit « inspirée » n’est plus une énigme, mais le lieu privilégié où Dieu se révèle et se communique, le lieu où nous est dévoilée notre propre identité d’enfant de Dieu.

Mais il ne suffit pas de connaître et comprendre la Parole de Dieu, encore faut-il y consentir. Selon la parabole, celui qui écoute la Parole et ne la met pas en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. En effet, je peux discerner la volonté de Dieu… et faire le contraire ! C’est alors que l’Esprit vient à mon secours pour me faire entrer sur un chemin d’obéissance filiale, et non pas servile : la foi qui me fait vouloir ce que Dieu veut et agir par amour. L’Esprit ajuste mes désirs à la Parole en me découvrant quel bonheur m’est ouvert si j’accepte de croire que Dieu sait infiniment mieux que moi ce qui est bon pour moi…

De même que Jésus nous dévoile la paternité divine en étant le Fils parfait, de même l’Esprit fait de nous des fils capables de dire « Père » lorsque nous parlons à Dieu. Cette expérience, fondatrice de toute vie chrétienne authentique, me fait envisager la foi non plus comme une somme de choses à croire et à faire, mais bien plutôt comme une rencontre bouleversante entre deux libertés, celle de Dieu et la mienne, rencontre amoureuse dont le fruit le plus pur est la joie. Alors l’Esprit Saint nourrit cette relation pour la porter au niveau où Dieu l’espère : la sainteté.

Père Philippe Desgens


Méditation du Dimanche 3 mai 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Samedi 2 mai 2020

Jésus veut que nous ayons une foi miraculeuse

En ce temps d’attente de la Pentecôte, Préparons-nous, à l’instar des Apôtres, à recevoir l’Esprit Saint, la troisième personne de la Sainte Trinité qui, pour certains, peut leur paraître étrangère, un fantôme, trop éthéré pour une relation personnelle.

De quoi l’Esprit de Vérité nous parle? Si c’est l’Esprit que Jésus nous a envoyé, alors ce qu’il dit nous donne paix, joie et réconfort tout en nous appelant au repentir dans les domaines de notre vie où nous ne vivons pas à 100% de tout cœur les vérités évangéliques. Le Saint-Esprit est notre Avocat, notre Consolateur, notre plus Grand Allié et notre « cheerleader » si je me permets de m’exprimer ainsi. Le Saint-Esprit nous donne la paix lorsque les épreuves nous assaillent et nous paralysent par l’angoisse et la peur. Le Saint-Esprit nous donne le courage de défendre la Vérité.

Par exemple, pendant cette crise du COVID-19, peut-être je me suis senti très consterné par l’attitude de certains évêques et prêtres qui n’ont pas fourni de manière créative un moyen sûr pour les fidèles laïcs de recevoir la Sainte Eucharistie. Qu’est-ce que cela nous apprend sur leur relation avec le Saint-Esprit? Quoiqu’il en soit, la vérité est que cette pandémie me donnera une opportunité extraordinaire pour me conduire vers une augmentation encore plus grande de ma foi et pour me motiver et aussi motiver mes frères dans la foi qui sont inactifs à retourner dans l’Église et à attirer les non croyants qui se sentent très stressés par les ramifications de la pandémie.

Le Saint-Esprit est infiniment créatif. Donc, si nos pasteurs ne répondent pas à cette opportunité, alors que l’église tout entière est mobilisée pour annoncer la Parole malgré le confinement d’une manière ou d’une autre, que dit le Saint-Esprit au reste d’entre nous? Tout d’abord, aimez les bergers faibles si tant est qu’ils le soient et honorez leurs vocations. Deuxièmement, priez pour eux. Troisièmement, affrontez la vérité et cherchez l’inspiration du Saint-Esprit sur ce que nous sommes appelé à faire.

Le Saint-Esprit est bien plus que les sacrements du baptême et de la confirmation. Jésus veut que nous ayons tous une relation personnelle en feu avec la troisième personne de la Sainte Trinité. Sinon, nous continuerons d’être comme les premiers apôtres avant la Pentecôte. Eux aussi étaient en confinement par peur, se mettant en quarantaine loin du monde, même après l’incroyable Résurrection de Jésus. Mais après que le Saint-Esprit les a baptisés du feu de la foi, ils sont devenus de si bons bergers du christianisme que le monde en fut bientôt changé.

Lorsque nous avons une relation personnelle avec le Saint-Esprit, les paroles de Jésus nous mettent le feu au désir de guérir, de nourrir, de pourvoir et d’évangéliser avec audace et compassion. Donc notre appel est clair: nous devons faire tout notre possible pour nous ouvrir à tout ce que le Saint-Esprit veut faire en nous et à travers nous, et nous devons inviter les autres à faire de même, y compris et surtout les bergers qui sont appelés pour mener leurs troupeaux à des vies qui sont mues par le Saint-Esprit. Les âmes éternelles des pécheurs sont en jeu!

L’Église en a plus que jamais besoin. Le monde en a plus que jamais besoin.

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Vendredi 1er mai 2020

St Joseph est le simple artisan charpentier de la petite bourgade de Nazareth, en Galilée, il est le père de tous les travailleurs.

Il est véritable instrument de Dieu, et durant toute sa vie sur la terre, il demeure dans le silence et l’humilité. Il se montre un vrai serviteur fidèle, doux et pauvre.  C’est la pauvreté divine de son cœur qui fait de lui « le gardien fidèle de la Vierge ».  Et sans rien garder pour lui, dans un don total personnel il reçoit d’elle et du Père, celui qu’il doit garder comme son fils.

C’est en recherchant chaque jour la volonté du Père, dans une docilité toujours plus profonde, qu’il exercera son service d’autorité temporelle, auprès de Marie et de Jésus, ceux que le Père dans un don si unique lui a ainsi confiés.  Vivant dans l’intimité de la sainte famille il offre son travail pour Jésus et pour Marie.  Il sait lui donner toute la force et l’ardeur qu’il réclame.  Par lui, il peut se rendre proche de tous.  Ainsi son labeur quotidien, profonde source de joie, est remis au Père en action de grâce.

Si le Pape Pie XII a institué cette fête en 1955 pour donner un sens plus chrétien à la « fête du travail » fixée déjà depuis plus de cinquante ans, saint Joseph doit  nous apprendre encore aujourd’hui à travailler dans un esprit toujours plus évangélique au service de nos frères.

Qu’il nous aide à aimer notre travail et à le réaliser avec toujours plus de générosité.  Puissions-nous nous mettre davantage à son école pour retrouver le vrai sens de l’adoration et de l’action de grâce, et faire ainsi de tous nos travaux une « louange de gloire » pour le Père.

P. Joseph Hunt


Méditation du Jeudi 30 Avril 2020

Hyperboles et réalités mystiques

Dans les évangiles, Jésus parle parfois par exagérations.

Le premier type d’exagération se nomme hyperbole. Ce mot est conçu à partir d’un autre que nous connaissons bien, la parabole. Une parabole est une comparaison, souvent amenant à une réflexion qui par de l’exemple pour éclairer notre attitude. L’hyperbole fonctionne de la même manière tout en contenant une dimension qu’il ne faut pas appliquée. Quand Jésus affirme qu’il faut arracher notre œil s’il nous amène à pécher, la dernière chose à faire est bien d’exécuter son mandement concrètement. La mutilation est contraire à la loi naturelle et n’est en rien ce que Dieu veut de notre intégrité physique, temple de l’Esprit Saint. Le sens de l’exagération est de faire prendre conscience est que notre œil peut provoquer en nous le scandale et faire tomber et ainsi nous faire pressentir le danger potentiel. L’hyperbole contient donc une part de vérité dans l’effet qu’elle recherche et une part de symbolique qu’il ne faut pas mettre en œuvre, à cause précisément de l’exagération.

Il existe aussi des réalités spirituelles qui ressemblent à l’hyperbole mais qui fonctionnent assez différemment. Ces réalités physiques mettent en parallèle des processus concrets impossibles à réaliser dans la vie matérielle qui décrivent des liens spirituels. Prenons par exemple l’entretien entre le Seigneur et Nicodème. Il est question à un moment de naitre d’en haut. Nicodème s’interroge alors sur le fait de revenir dans le ventre de sa mère, alors qu’il est probablement âgé et de renouveler le processus de naissance. Impossible. Nicodème semble faire exprès de jouer le naïf pour souligner le caractère impossible de ce que Jésus affirme de manière spirituelle. Pourtant nous pouvons concevoir que dans l’ordre de la « surnature » une nouvelle naissance est possible, et pas seulement que du point de vue moral, quand nous entendons prendre un nouveau départ dans notre vie. Le baptême en particulier est une nouvelle naissance, qui se superpose à notre naissance naturelle. C’est une réalité mystique, qui tire sa substance d’une première expérience naturelle et qui décrit et opère la relation que nous avons avec Dieu. En l’occurrence, quand nous recevons le baptême, peu importe l’âge, nous renaissons de l’Esprit Saint par le signe de l’eau. Contrairement à l’hyperbole qui la pousse à ses extrémités, la réalité mystique dépasse la réalité concrète première et ne se situe pas sur le même niveau.

Cette distinction entre hyperbole et réalité mystique s’applique en plein dans le discours de Jésus sur le pain de vie au chapitre 6 de l’évangile de saint Jean. Quand Notre Seigneur Jésus Christ affirme qu’il est le Pain descendu du ciel, concrétisé dans sa chair, il s’affranchit de l’impossibilité de manger concrètement sa chair. Il paraît clair que Jésus n’a pas donné un de ses membres à manger à ses disciples, mais qu’il a transféré et identifié son corps au pain qu’il a consacré. La réalité physique, inacceptable puisqu’elle s’apparente à l’anthropophagie, ce que d’ailleurs saint Jean relève dans ce même chapitre, sert de support au mystère eucharistique de la transsubstantiation. Le discours de Jésus sur sa chair est à la fois une hyperbole et une réalité mystique. La chair que nous mangeons pendant la messe n’est pas de la viande humaine mais bien chimiquement du pain, bien que des miracles eucharistiques ont vu la mutation de la matière du pain en chair. En même temps c’est la substance même du Christ qui est présente. La Sub-stance (ce qui se tient dessous, la réalité première et finale) dépasse la tentation de réduire le discours du Christ sur le pain de vie à un signe ou un symbole, dépasse le réflexe d’identifier la matière avec l’être essentiel d’une chose, et nous fait entrer dans une relation réelle et mystique à l’être même du Seigneur.

Cette réalité mystique fait intervenir dans notre foi la dimension corporelle contre laquelle les idéologies s’échouent et montre que le lien qui unit le Chrétien à son Seigneur n’est pas uniquement intellectuel. Le Catholique n’est pas un homme d’idée ou de conviction, mais un être qui partage corporellement dans la communion son être avec le Christ. Même si cette communion est mystique, et ne se manifeste pas concrètement par une sorte de fusion entre l’un et l’autre, elle établit un lien mystique et réel. Jésus devient notre véritable nourriture et nous devenons un de ses membres. Si le Covid-19 altère la réalisation sacramentelle de ce lien, à notre grande douleur, il ne peut la dissoudre dans sa réalité essentielle.

Comme le décrit le psaume 106, les grandes idées ou les grandes théories des hommes sont curieusement mises à terre ou englouties dès qu’intervient une épreuve concrète. La sagesse des grands hommes est réduite à rien quand ils ont le mal de mer ou une poussée de fièvre. Mais les liens corporels, y compris mystiques, collant à notre corps, eux, ne peuvent s’évanouir.

P. Antoine Devienne

 


Méditation du Mercredi 29 Avril 2020

Dieu est lumière. Il veut que nous marchions dans la lumière, que nous marchions conformément à sa volonté, lui qui et lumière. C’est dans cette mesure que nous dirons que nous sommes en communion avec lui. Alors, lui qui est lumière pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute injustice, œuvres de ténèbres.

Lui qui est lumière nous a envoyé son Fils Jésus. Jésus est venu dans le monde pour nous révéler le Père, nous enseigner la vérité. Et le Père a tout remis entre ses mains. C’est par lui que nous connaissons le Père. Il nous faut donc le connaître et le suivre. Que faire pour bien le connaître ? Lui-même nous en donne la piste : « personne ne connaît le Fils sinon le Père et celui à qui le Fils veut le révéler ». A qui le révèle-t-il ? Ce qu’il a caché aux sages et aux savants, il l’a révélé aux tout-petits. Les tout petits, ce sont les humbles, peu importe leur catégorie sociale. Ce sont ceux qui, comme il l’a dit, ressemblent aux petits enfants par leur cœur et leur attitude devant Dieu et devant les hommes. Ce sont ceux qui ont soif de Dieu et cherchent sa volonté, se mettant à son écoute nuit et jour. Ce sont les humbles, ce sont les pauvres de cœur. Ceci nous rappelle ce que dit l’Apôtre : ce qui est sagesse pour Dieu est folie pour le monde, et ce qui est folie pour Dieu est sagesse pour le monde. Ça nous rappelle la vanité de ce monde, la vanité de l’homme en ce monde s’il ne se met pas à l’écoute de Dieu, lumière du monde.

Et comme les apôtres, nous sommes envoyés par lui à annoncer que la lumière est déjà venue dans le monde, et à montrer cette lumière aux hommes pour qu’ils se détournent des comportements de ténèbres : qu’ils ses débarrasse de leur péché, qu’ils se convertissent, revêtant l’homme nouveau.

Mais il s’avère que nous péchons toujours. Là, Saint Jean nous dit : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui un menteur ». Il nous faut éviter le péché. Mais s’il nous arrive à tomber, ne nous décourageons pas. Reconnaissons que nous sommes des créatures avec toutes nos faiblesses : « Le bien que je veux faire je ne le fais pas, mais le mal que je ne veux pas faire c’est cela que je fais », nous dit Saint Paul. Reconnaissons toujours que, quand nous nous comportons bien, quand nous marchons dans la lumière, ce n’est point par nous-mêmes : c’est par la grâce de la lumière elle-même que nous invoquons. « Nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le juste », qui « nous obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier ».

En ce temps où nous intensifions la prière pour le monde entier, demandons à Dieu de nous compter parmi les tout-petits qui se mettent à son écoute et à sa suite ; demandons-lui de nous compter parmi ceux qui montrent au monde la lumière pour que tous recherchent sa volonté et s’y conforment.

Amen.

P. Marcel Etuamina


Méditation du Mardi 28 Avril 2020

ON DEMANDE DES PASTEURS !

Le mois de juin est habituellement le mois des ordinations sacerdotales dans les diocèses de France, du moins là où il y a des séminaristes à ordonner !

Dimanche prochain, quatrième dimanche du Temps Pascal , est comme chaque année le Dimanche du Bon Pasteur.

Jésus est le Bon Pasteur, l’unique pasteur. Après sa résurrection, il choisit Pierre pour être « le pasteur de ses brebis ».

Depuis deux mille ans, Dieu a suscité dans son Eglise des pasteurs chargés de conduire le troupeau. La génération précédente, celle de nos grands-parents,  était habituée, en France, a voir un clergé nombreux au service des paroisses. En province, chaque clocher de village avait son curé.

De nos jours, la « crise des vocations » a changé le profil de l’Eglise et son fonctionnement.

Que faut-il faire ? Se lamenter ? Trouver des solutions de substitution plus ou moins bricolées ?

La vraie question est-elle vraiment celle du nombre de prêtres ?

Car, enfin, des prêtres pour quoi faire et pour quel type de communauté ?

Si le prêtre semble considéré comme un prestataire de service destiné à satisfaire les besoins religieux d’une population ou bien une sorte de sorcier chrétien qui intervient à la demande, il n’est pas étonnant que de jeunes hommes se dérobent à l’appel.

Une seule certitude : Dieu ne cesse pas d’appeler. Mais faut-il encore que ceux qu’il appelle aient devant eux des communautés vivantes. La vraie question est donc celle de la vitalité de nos communautés et non pas du nombre de prêtres Si l’Eglise est elle-même appelante, et c’est l ‘affaire de tous, Dieu saura bien y faire naître les vocations dont elle a besoin.

Prier pour les vocations ne consiste pas à demander à Dieu, fusse poliment, de faire à notre place ce dont il nous charge… mais bien plutôt à se demander, chacun d’entre nous, ce que nous faisons concrètement pour rendre l’Eglise plus fraternelle, plus accueillante et plus prophétique… afin que ceux qui sont appelés aient envie de la servir.

Père Philippe Desgens


Méditation du Lundi 27 Avril 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Dimanche 26 Avril 2020

Les deux disciples dans la lecture de l’Évangile de ce dimanche n’ont reconnu Jésus qu’après l’avoir entendu expliquer les Écritures, ensuite quand il rompu le pain avec eux.

Avec les disciples d’Emmaüs on voit Jésus procéder en deux parties : d’abord, en l’écoutant expliquer les Écritures, seul leur cœur le reconnaissait. (« Nos cœurs ne brûlaient-ils pas en nous? ») Ensuite, leurs yeux ne virent pas sa véritable identité jusqu’à ce que Jésus partage un repas avec eux, leva le pain, le bénit, le rompit et le leur donna à manger.

Aujourd’hui, lorsque nous célébrons la messe, nous faisons un voyage similaire avec Jésus. Premièrement, nous avons la Liturgie de la Parole, au cours de laquelle nous entendons les Écritures et une homélie qui les explique. C’est le moment de lui ouvrir nos cœurs.

Un lecteur bien formé prononcera les mots des Écritures avec une bonne locution et emphase afin que nos cœurs puissent reconnaître Dieu dans les mots, d’où l’importance de bien proclamer la Parole. Un prêtre ou un diacre bien formé mettra le feu à nos cœurs comme si Jésus lui-même nous enseignait la signification des Écritures. Mais même lorsque le lecteur ou le prédicateur fait un mauvais travail, nous pouvons ouvrir nos cœurs pour entendre Jésus nous parler directement.

Puis nous entrons dans la liturgie eucharistique. Lorsque le prêtre consacre le pain et le vin, c’est Jésus lui-même qui le fait, en utilisant les mains et la voix du prêtre. Jésus fait pour nous ce qu’il a fait pour ces deux disciples à Emmaüs.

Si nous avons ouvert nos cœurs à Jésus pendant la première partie de la messe, et si nous y prêtons encore attention, nous voyons bien plus qu’un morceau de pain et un calice de vin. Nous voyons Jésus. Nous le reconnaissons avec nos cœurs et nos têtes. Nous savons sans le moindre doute que Jésus Ressuscité est vraiment présent dans l’Eucharistie.

Maintenant, pour ma méditation personnelle je pose les questions: Dans quel (s) domaine (s) de ma vie Jésus semble-t-il absent? Comment la messe peut-elle m’aider à reconnaître Jésus et à ressentir sa proximité? Que puis-je faire d’autre pour découvrir la présence de Jésus lorsque je ne peux pas sentir sa proximité?

Bon dimanche

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Samedi 25 Avril 2020

Pour fêter l’évangéliste Saint Marc nous lisons les ultimes versets de son évangile.  C’est un solennel envoi en mission que lance le Ressuscité à ses disciples.  Il l’accompagne de nombreux signes qui appuieront la prédication.  Et Marc termine en notant que déjà se réalise ce qui venait d’être annoncé.  C’est que Marc, lui-même, a vécu ce dont il parle.  Il n’a pas été apôtre.  Il ne fait pas partie des Douze.  Mais il a été le disciple de Pierre.  Il l’a suivi.  Il l’a écouté et il a noté son enseignement.  Il était bien placé pour voir et pour entendre.  Et il s’est fait un devoir de rapporter tout  cela.  Son évangile est un témoignage.  Il dit ce qu’il a vu.  Il répète ce qu’il a entendu dans la prédication de Pierre.  Et il écrit avec tout l’amour de celui qui a été touché par Dieu et qui ne peut garder pour lui seul les merveilles dont il a été témoin ;  Marc est le premier, le plus ancien de ces innombrables témoins qui un jour en rencontrant un apôtre ont rencontré la parole et la personne de Jésus.  Marc nous passe le relais.  Nous pouvons à notre tour noter et transmettre les merveilles que Dieu a faites autour de  nous et pour nous.

P. Joseph Hunt


Méditation du Vendredi 24 Avril 2020

Au festin !

La lecture de l’Evangile d’aujourd’hui nous amène au récit de la multiplication des pains. Cela m’incline, en ces temps de confinement,  à vous conseiller de regarder un excellent film sur le thème du repas. Le titre en est « le festin de Babette ».

Sur les rivages froids du Jutland, battus par les rafales de vent lancinantes refoulés de la mer du Nord, un petit village de pécheurs danois vit au rythme des pêches, des saisons et le souvenir des austères prédications prodiguées par un pasteur mort depuis bien des années. Une sorte de culte autour de cette figure noire, à fraise protestante, est entretenue par un petit groupe de fidèles menés par les deux filles du pasteur, toutes deux restées célibataires et maintenant avancées en âge. Dans leur jeunesse, l’une et l’autre étaient ravissantes, la modestie de l’une mettant en valeur la gentillesse de l’autre, avec ce charme discret des beautés qui s’ignorent l’être. Leur rigoureux père a bien délimité l’enclos dans laquelle il gardait ses brebis les plus proches, à commencer par ses filles, et a découragé les avances et les demandes en mariage que les hommes de la région ne pouvaient manquer de formuler. A cause de cet égoïsme paternel qui se dissimule sous le prétexte de la vertu et les impératifs du ministère, l’une et l’autre sont devenues vieilles filles, accaparées par les multiples services qu’une communauté villageoise peut susciter, à longueur de temps et à longueur d’années. Le groupe des fidèles du pasteur, autrefois si fervents autour de lui, a vieilli aussi et a laissé s’infiltrer en lui les petites rancunes et les grandes jalousies que le Malin sait si bien prodiguer entre les êtres humains.

Survient en France la Commune. Un soir d’hiver, à la porte des deux filles du Pasteur, on tambourine. Effrayées les deux sœurs retirent timidement la clenche du verrou et laissent pénétrer sur leur seuil une énigmatique silhouette noire couverte d’une coule, comme un monstre vomi par les ténèbres, qui s’engouffre dans leur salon. La créature semble épuisée et vient s’effondrer sur le divan. Rejetant en arrière le capuchon, elle révèle le visage abattue d’une femme. C’est une française qui a fui Paris et qui n’a plus pour seule ressource que la lettre d’introduction rédigée par une connaissance des deux sœurs en sa faveur. Cette femme s’appelle Babette et a tout perdu, absolument tout. D’abord rétives, les deux sœurs acceptent d’accueillir Babette, qui en retour devient leur servante. Ce que les deux sœurs ignorent encore est que Babette est l’un des cuisiniers les plus réputés de France, une exception féminine dans un monde dominé par les hommes. Elle apprend la langue danoise, avec ses rudesses et ses charmes, et se montre d’une rare efficacité et transforme par le menu la vie du village, faisant profiter de ses connaissances, de son art et de son expérience culinaire tout le voisinage. Bien qu’étrangère, Babette est vite acceptée : les commerçants et les pêcheurs la redoutent pour son sens de la négociation ; les petits vieux, objets de la charité des deux sœurs, goûtent une nette amélioration dans la gamelle qu’ils reçoivent d’elles quotidiennement ; tous apprécient sa bonne humeur et ses yeux pétillants qui excitent dans le regard qu’ils croisent la joie de vivre.

Les années passent, au rythme des marées et du vent du Nord qui n’en finit pas de souffler. Chaque année, un ami français prend un billet de loterie pour Babette. Comme nous sommes dans un film, il advient ce qu’il doit arriver : Babette gagne le gros lot, 10 000 francs, c’est-à-dire une somme très conséquente, qui lui permettrait de prendre un nouveau départ en France. Les deux sœurs s’inquiètent car en perdant Babette, elles craignent que la bonne humeur et la charité pratique de cette dernière manquent  au village, d’autant plus que la petite congrégation qu’elle mène, toujours modelée dans un enseignement protestant rigoriste, ne cesse de se déchirer.

Tous craignent que Babette prenne le chemin du retour. Leur crainte semble confirmée quand Babette demande des deux sœurs l’autorisation de leur offrir « un vrai repas français » en l’honneur de l’anniversaire de feu le pasteur. Un dernier repas de remerciement avant le grand départ…

Babette fait ses commandes : on voit débarquer des nappes brodées, des verres en cristal, de la porcelaine de Saxe, des couverts en argent. Des caisses remplies de paille enferment des champagnes, des Clos-Vougeot, des Malaga, des vins plus merveilleux les uns que les autres. Des arrivages de truffe, de foie gras, de cailles, de tortue, de fromages français, d’ustensile de cuisine, intriguent les habitants du village, au point qu’en voyant affluer ces marchandises, ils s’inquiètent de savoir quels effets elles portent sur le corps et l’âme.

Le grand jour arrive et douze convives se pressent autour de la table. Comme elle a engagé un commis pour le service de la table, Babette, le treizième convive, reste en cuisine. Elle sera présente au travers de son art. Un invité de marque, un général à la retraite, autrefois prétendant de l’une des deux sœurs, et toujours amoureux, a accepté d’y participer avec sa vieille mère. Le repas promettait d’être lugubre, tant par les rancunes secrètes des uns vis-à-vis des autres, que par l’appréhension de retrouver une cuisine locale, faite de poisson bouilli et de céréales concassées. Or la magie de la cuisine française va opérer : la salle à manger brille des chandeliers que Babette a fait venir et la première gorgée de vin est une révélation pour le palais de tous. Les plats s’enchainent et découvrent à ces Danois les émerveillements de saveurs dont ils n’avaient pas idée. La joie n’est pas que dans l’assiette ou dans les verres. Les esprits s’échauffent et se libèrent. Le puritanisme protestant abdique devant un repas aux accents eucharistiques : des confidences se font, des pardons s’accordent, le général, grisé par le festival des saveurs, s’essaie à citer le psaume 84 : «  Justice et paix s’embrassent, Amour et Vérité se rencontrent », deux vieux époux échangent un baiser d’amoureux, qu’ils avaient retenu depuis trop longtemps. La magie de la cuisine de Babette ne débouche pas sur une orgie comme dans le Festin de Balthassar (cf. livre de Daniel), mais bien sur un temps de grâce comme celui entrevu par le prophète Isaïe sur la montagne du Seigneur, où il prépare des « viandes grasses et des vins capiteux » en signe d’allégresse. Les convives finiront par danser autour du puits du village, dans une ronde, un peu gris peut-être, mais d’une griserie qui n’est produite que par la joie.

Ils sont douze à table, et Babette reste en retrait dans la cuisine. Elle accomplit un office comparable à celui du Christ : elle donne le meilleur d’elle-même. Elle est pourtant présente à table par l’intermédiaire des mets, transfigurés par son art, comme le Christ est présent dans le pain qu’il transfigure par le don de sa propre vie. Ce repas évoque le sens eschatologique (de la fin des temps) de l’Eucharistie, mettant évidemment de côté la portée expiatoire du sacrement. Le repas s’achève et tous vont goûter dans leurs papilles la joie que le plaisir, créé par Dieu et trop souvent réclamé comme sien par le diable et corrompu par lui, est capable de procurer.

Babette a préparé ce repas pour Douze ; il lui en a couté 10 000 francs. Il n’est plus question qu’elle revienne en France, maintenant qu’elle sait où donner du bonheur autour d’elle.

P. Antoine Devienne


Méditation du Jeudi 23 Avril 2020

Alors que, en ce moment, les chrétiens sont privés du sacrement de l’Eucharistie, je vous invite à réfléchir à votre rapport à ce sacrement… en répondant à ces quelques questions :

« Chaque dimanche, l’Eucharistie nous permet de partager un même pain et de former ainsi un seul corps. »

Comment est-ce que je vis cette réalité sacramentelle, au cours de la célébration elle-même et pendant la semaine qui suit ?

Suis-je en attente de cette rencontre hebdomadaire avec le Christ ?

« L’Eucharistie est la source et le sommet de la mission. »

Que signifie pour moi cette formule ?

Comment l’Eucharistie peut-elle être perçue comme lieu d’évangélisation ?

« Le Christ veut se faire connaître à tous les hommes. »

Où puiser l’audace de témoigner de la Bonne Nouvelle ?

Quel peut être le sens de la prière pour nos frères ?

Comment témoigner, sans prosélytisme, en famille, au travail, dans toutes mes relations ?

« Celui qui évangélise, celui qui annonce l’Evangile, c’est le Christ lui-même par l’Esprit qu’il nous donne. »

Comment cette conviction modifie-t-elle ma façon d’envisager la mission ?

Lorsque le Christ me dit : « Viens et suis moi »… qu’est-ce que je réponds ?

« La paroisse n’est pas un équipement à la disposition de qui veut bien s’en servir. C’est d’abord la responsabilité que le Christ fait reposer sur les baptisés en leur demandant d’être l’Eglise. »

A quelle conversion suis-je invité pour exercer vraiment cette responsabilité ?

Quelles initiatives suis-je disposé à prendre à ce titre ?

« L’Eucharistie est l’acte créateur d’une communauté qui établit la fraternité entre ceux que Dieu y rassemble. »

A quelles conditions, cette fraternité peut-elle effectivement s’établir ?

Est-ce que je fais l’effort de dépasser le cercle de mes amis ou de mes voisins de quartier pour aller vers de nouveaux visages ?

« L’avenir d’une paroisse n’est pas dans les sages mesures de gestion que le curé pourrait prendre, ni dans l’habileté des décisions ou des techniques, mais dans cette question : allons-nous nous laisser saisir par le Christ ? »

Nous sommes-nous emparés du christianisme ou acceptons-nous que le Christ s ‘empare de nous ?

Est-ce les chrétiens qui sont maîtres du christianisme et qui décident ce qui doit être, ou est-ce le Christ qui, par son Esprit, s’empare de nous pour nous mener là où nous ne voulions pas aller ?

Père Philippe Desgens


Méditation du Mercredi 22 Avril 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Mardi 21 Avril 2020

Meditation du mardi 21 avril 2020

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Lundi 20 Avril 2020

Nous lisons cette semaine l’épisode de la rencontre de Jésus avec Nicodème.  Nous le lisons dans la lumière du jour de Pâques, qui lui donne son vrai sens :  l’annonce de notre propre résurrection, inaugurée au jour de notre baptême.  Cette merveilleuse révélation est faite à ce vieil homme qui vient trouver Jésus dans la nuit.  Car c’est toujours de sa nuit que l’homme crie vers Dieu.  Or, Nicodème est un sage, c’est un homme courageux. Et il cherche Dieu en vérité, car il a été touché par les œuvres de Jésus.  Jésus, si sévère à l’ordinaire, pour les hypocrites pharisiens est bienveillant pour cet homme sincère.  Il lui réserve un de ses plus hauts enseignements :  l’homme est appelé à une vie nouvelle !  Non pas selon la chair !  Car il est ce qu’il est, et, le rêve d’une nouvelle jeunesse serait une illusion.  Mais bien selon l’Esprit.  Car si Dieu est Esprit, l’homme a été créé à son image.  Il est Esprit, lui aussi, et son esprit peut se renouveler.  Il est possible à l’homme de naître à nouveau, d’acquérir une vie nouvelle que ni la chair, ni la volonté humaine ne peuvent donner, mais que Dieu, lui, peut et veut lui donner.  Et cet esprit renouvelé est une semence de résurrection dans la chair, tel le grain de blé jeté en terre.  Cette œuvre de résurrection a commencé en nous à l’heure de notre baptême, dans la nuit de Pâques.

P. Joseph Hunt


Méditation du Dimanche 19 Avril 2020

Avez-vous déjà lu « Hamlet » de Shakespeare ? Le jeune prince danois reçoit la visite nocturne de l’esprit défunt de son père : celui-ci lui révèle que sa mort prématurée n’est en rien le produit de la nature, mais le résultat de la main traitresse de son frère, Claudius. Hamlet, hanté par un sens presque maladif de la justice, n’aura de cesse que de dénoncer le crime fratricide de son oncle, qui, non content d’avoir ouvert l’accès du trône du Danemark à sa convoitise, a marié en seconde noce l’épouse de son frère. Les imprécations du fantôme de son père hantent l’esprit de Hamlet et ce dernier n’aura de repos tant que la juste vengeance à l’encontre de Claudius soit accomplie. Le grand dramaturge anglais reprend la même trame que les tragédies grecques. Celles-ci conçoivent une foi mystique dans l’action de la justice qui, par delà la mort, promeut l’application souvent inattendue de la rétribution. Les anciens Grecs vénéraient les Euménides, que nous appelons les « Furies » ou les « Harpies » qui s’abattaient sur les criminels que la justice des hommes n’avait pu atteindre.

Ce sens aigu de la justice, qui dépasse les capacités de nos tribunaux, habite les craintes des hommes. Les morts reviennent pour assouvir le rétablissement de leur honneur ou pour réparer les manquements commis durant leur vie terrestre. La crainte que nous inspire la mort est moindre que celle que nous inspirent les défunts, dont nous ne savons s’ils peuvent percer l’épaisseur de la chair pour atteindre la fine pointe de nos âmes. Les esprits occidentaux ne croient plus à cela que dans la littérature ou la fiction, mais malgré notre idéologie scientiste, nous nous plaisons au travers de la culture populaire à trembler à l’idée que nos défunts puissent deviner nos desseins cachés. Ne nous illusions pas : le jour nous portons haut notre esprit rationnel ; la nuit, les ombres s’immiscent et investissent nos esprits, même les plus sceptiques.

Durant cette semaine de Pâques, qu’avons-nous observé dans les textes de la liturgie de la messe? La résurrection du Christ tranche franchement avec la perspective d’une vengeance d’un esprit qui viendrait réclamer la réparation d’un mal qui lui a été infligé de son vivant. Avez-vous lu que le Christ ait réclamé le prix du sang pour celui qu’il a libéralement versé sur le bois de la croix ? Notre Seigneur Jésus a-t-il assouvi les lois de la vengeance contre les autorités juives et romaines, curieusement unies dans leur forfait ? Le mort, revenu à la vie, est-il venu dénoncer la trahison de Pierre, la lâcheté des Apôtres, ou l’incrédulité des Disciples ? Les premiers mots du Seigneur ont été : «  la Paix soit avec vous ». La mort et l’au-delà des Païens n’est pas la nôtre, bien que nous soyons culturellement tributaires de nos ancêtres grecs, gaulois ou romains. Dans la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, nous nous sommes affranchis de la vengeance des morts, et avons confié le jugement de nos vies au Christ qui a donné sa vie pour nous. Le fondement de la fête de la miséricorde divine que nous célébrons aujourd’hui, n’est pas un vague sentiment doucereux de consolation. Le Christ a montré à Pierre qu’il ne venait pas se venger ; il n’a obtenu aucune vengeance sur ceux qui l’ont cloué sur la croix ; il a relevé ceux qui étaient tombé à cause de leur infidélité à son égard. Notre Seigneur Jésus Christ est à la fois notre juge sur la justice de notre vie, et notre avocat contre les accusations de notre cœur. Combien est-il bon de tomber dans ses mains plutôt que dans celles des forces vengeresse de nos Pères grecs païens…

P. Antoine Devienne

 


Méditation du Samedi de Pâques 18 Avril 2020

La Paix, fruit du Mystère Pascal

Le Christ ressuscité salue ses disciples par ces mots : « La paix soit avec vous ! »

Cette expression est nouvelle, mais on la retrouve dans plusieurs récits d’apparition du Ressuscité.

Quel est le sens de cette salutation ? De quelle nature est cette paix que Jésus nous souhaite ?

Il ne semble pas que ce soit le contraire de la guerre. Malheureusement, la résurrection de Jésus n’a pas supprimé la violence de notre monde, la guerre est toujours là. La paix donnée par le Christ est le contraire de la peur. N’est-ce pas la situation des apôtres après la mort de Jésus ?

Nous aussi, nous sommes verrouillés par toutes sortes de peurs : la peur de l’avenir, la peur de manquer, la peur les uns des autres, la peur de souffrir… tous ces fantômes de l’unique peur de la mort qui nous empêchent de vivre, d’accueillir pleinement la vie qui vient de Dieu. La résurrection du Christ nous libère de la peur, de toutes peurs, pour nous instaurer dans la paix, c’est-à-dire dans la confiance et la foi. Le Christ a vaincu la mort et il nous fait le don, comme fruit du mystère pascal, que sa victoire est aussi la nôtre.

Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, avant d’aller recevoir la communion, le célébrant invite l’assemblée à échanger le geste de paix : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! » Cette paix, c’est le Christ qui en est la source. C’est la paix que le Ressuscité nous partage au moment où il se donne à nous pour faire de nous des vivants.

Père Philippe Desgens


Méditation du Vendredi de Pâques 17 Avril 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Jeudi de Pâques 16 Avril 2020

Méditation du jeudi 16 avril

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Mercredi de Pâques 15 Avril 2020

Cléophas et son compagnon tels que saint Luc les a campés dans ce beau récit sont et resteront pour l’Église des témoins privilégiés de la résurrection. Le ressuscité les a accompagnés sur leur route et dans l’amertume de leur déception. Il les a consolés de leur peine. Il les a instruits patiemment et longuement. Il a répondu à leur invitation : reste avec nous ! Il a célébré pour eux l’Eucharistie. Il a ouvert leurs yeux les laissant le contempler, dans la gloire fulgurante de sa résurrection. Et sur l’heure, dans la nuit, malgré la fatigue ils sont partis annoncer la nouvelle à ceux qui pouvaient la comprendre. Et c’est ainsi depuis que se déploie la prédication de l’Eglise. Elle chemine avec l’homme toujours déçu dans ce qu’il attendait de Dieu et des hommes. Elle explique inlassablement les Ecritures, car elles sont parole de Dieu et contiennent tout ce que Dieu veut dire à l’homme. Et cette parole brûle le cœur.  Puis, elle le nourrit du pain de la vie comme le sauveur l’a commandé. Alors il devient à son tour témoin et missionnaire, dans la mesure du moins où à un moment il a dit au Seigneur, Reste avec nous ! car l’annonce de l’évangile se fait d’homme à homme, personne par personne comme Jésus l’a fait pour Cléophas, comme l’Eglise l’a fait pour chacun de nous, comme nous devons le faire autour de nous, la résurrection se transmet comme la vie se donne.

P. Joseph Hunt


Méditation du Mardi de Pâques 14 Avril 2020

Comme le confinement nous assigne à résidence, hormis ceux qui sauvent la nation par les tâches indispensables qu’ils remplissent, vous avez probablement l’impression que chaque jour ressemble au précédent. La répétition des jours fait qu’il est difficile de distinguer le mardi d’un dimanche, d’autant plus que la participation à l’eucharistie dominicale n’est pas possible physiquement. On a l’impression d’être pris dans une boucle temporelle qui se répète de jour en jour. Pour occuper les longs temps qui s’offrent à vous, je vous recommande de voir la chose suivante :

Un charmant petit film des années 90, « un jour sans fin », illustre étonnamment cette expérience. Phil CONNORS (Bill MURRAY) incarne un présentateur de bulletin météorologique acariâtre, sarcastique et dégouté de la vie. Quand certains explosent à la crise de la quarantaine, lui implose et perd à longueur d’ondées, de précipitations ou de grand soleil le goût de la vie. Avec une petite équipe, dont la ravissante assistante Rita (Andy Mc DOWELL), l’exact opposé de Phil, aussi pimpante que spontanée, il doit couvrir un petit reportage sur une coutume d’une petite ville de Pennsylvanie. Il s’agit du « Jour de la Marmotte » durant lequel les édiles de la ville, dans les frimas de l’hiver, font mine d’interroger l’animal pour savoir si l’hiver va laisser prochainement la place au printemps. Autant dire que Phil part avec l’enthousiasme d’un adolescent quand on l’emmène dans un musée de la poterie. Il n’épargne pas Rita et le cameraman de sa mauvaise humeur et de son franc mépris pour tous les provinciaux qui se réjouissent de cette gentille fête populaire.

Le reportage est réalisé et l’équipe boucle la production pour repartir vers New York, sauf qu’une tempête de neige dans les Appalaches les contraint à demeurer sur place. Et voilà qu’ un phénomène impossible a lieu : le jour suivant qui devait être un trois février est encore le deux février. Phil se réveille au même point que la veille à 6h00. Lui seul a conscience de cette répétition alors que tout le monde, y compris Rita vit pour la première fois ce 2 février. Ce phénomène, une boucle temporelle, va se reproduire non pas une fois, deux fois, mais des milliers de fois.

Après la surprise, la colère, puis la résignation à accepter cette répétition, Phil va tout tenter pour s’extraire de ce jour qui se répète inlassablement. Comme il connaît l’enchainement des événements qui se passent dans cette petite ville, il va en profiter d’abord pour user jusqu’à la corde tous les plaisirs possibles : femmes, alcool, jeux. Il profite de son anticipation pour pouvoir tout tourner à son profit. Ces plaisirs finalement artificiels ne lui conviennent pas, d’autant plus que même s’il en abuse, il se retrouve au lever du lit à 6h00 du matin, exactement dans la même situation que ce qui est pour lui la veille. Prisonnier de cette répétition, il expérimente toutes les sortes de suicide, en vain. Inexorablement, il se retrouve dans la même position à 6h00 du matin, avec la même chanson qui passe à la radio.

Comme il n’y a aucune échappatoire physique, tout semble compromis pour Phil. Il devient de plus en plus distant de Rita, alors qu’il éprouve pour elle une véritable affection, malgré son mépris habituel pour ses semblables. Un changement s’opère : surpris par un morceau de musique classique qu’il écoute dans un bar, Phil décide d’utiliser ce temps à réaliser ce qu’il n’a jamais fait autrement que par profit et manipulation : il apprend chaque jour à jouer du piano, à devenir sculpteur sur glace et à parler couramment français (dans la version anglaise), ou italien ( dans la version française). Il dévore les livres et finalement change totalement son attitude vis-à-vis de l’existence. Alors qu’il était dans une sorte d’enfer ou de limbes, il revient au purgatoire, et son empathie se développe quotidiennement. Il n’exploite plus sa préscience pour son intérêt personnel, mais intervient chaque jour pour régler les petites misères de la petite ville. Il s’essaie à séduire Rita, mais bute chaque fois sur ses tentatives de manipulation qui ruinent ses approches, que Rita comprend très bien. Il va se défaire peu à peu de sa convoitise et apprend au gré de ce jour qui n’en finit pas de se répéter la beauté de la gratuité. Phil connaît une conversion, qui va de l’égoïsme le plus commun à un véritable sens de la gratitude, de l’intérêt mesquin à la gratuité, du nombrilisme au dévouement, de la concupiscence à la chasteté et à la pudeur.

Les dernières scènes du film montrent Phil acclamé lors d’une fête municipale pour tout le bien qu’il a fait durant cette journée. Il brille en exécutant parfaitement un « bœuf » avec un jazz-band et allume dans les yeux de Rita cette admiration qu’il cherchait depuis ces myriades de jours qu’il a vécus. Le miracle a lieu : le temps sort de la boucle, et le jour suivant Phil reprend le cours du temps comme les autres, mais lui a changé.

P. Antoine Devienne


Méditation du Lundi de Pâques 13 Avril 2020

D’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite.

N’ayant pu faire la toilette du corps de Jésus avant la mise au tombeau à cause du sabbat, c’est donc dimanche matin, au lever du soleil, que Marie Madeleine veut accomplir les rites funéraires. Devant la pierre roulée et le tombeau vide, elle n’a qu’une seule pensée, logique : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau».

Alertés par Marie Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait, courent à leur tour constater les faits. Le disciple, probablement plus jeune, arrive avant Pierre, mais respectant  la préséance, n’entre pas dans le tombeau…

Pierre arrive enfin et entre. Il voit le linceul et le linge ayant entouré la tête : aucune déduction… Mais lorsque, à sa suite, le disciple entre, « il vit et il crut ». Que voit-il ?… un tombeau vide et des linges ! Que croit-il ?… que Jésus est ressuscité !

Comment s’opère le passage du signe à la foi ? L’Evangile le dit clairement : « d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d ‘entre les morts ».

Ainsi donc la foi naît d’un signe illuminé par l’Ecriture. Le signe seul reste obscur,  il lui faut  l’Ecriture qui le déchiffre et lui donne sens. La résurrection n’est donc pas un événement rationnel… mais raisonnable. Je peux croire en cet événement, non pas parce qu’il me paraît plausible et explicable, mais parce qu’il s’inscrit dans la cohérence du plan de Dieu dévoilé par l’Ecriture.  Pour poser cet acte de foi, je suis donc renvoyé à mon rapport à l’Ecriture. Comment la Parole de Dieu me permet-elle de comprendre l’action de Dieu, par le passé et aujourd’hui, dans ma vie et dans celle du monde ? « Il fallait que Jésus ressuscite » n’est pas l’expression d’un déterminisme prévu de toujours, mais l’assurance exprimée depuis la création du monde que notre Dieu est le Dieu des vivants, qu’il n’entretient aucune complicité avec les forces de mort et que sa réponse au scandale du mal, de la souffrance et de la mort, est la résurrection de Jésus, garant et promesse de la nôtre.

Si nous abordons ce récit en cherchant une lumière qui confine à l’évidence, ou une certitude qui verse en nous une sécurité toute faite, nous sommes frustrés dans notre désir, comme Marie Madeleine étonnée de n’avoir plus le cadavre qu’elle voulait amoureusement embaumer. Comment comprendre le langage de la foi ?… si ce n’est en faisant à notre tour l’expérience que l’événement de Pâques a transformé une femme craintive en messagère et des hommes lâches ou traîtres en témoins confessants.

Père Philippe Desgens


Méditation du Dimanche 12 Avril 2020 – Dimanche de la Résurrection

P. Luc Reydel


Méditation du Samedi 11 Avril 2020 – Samedi Saint

Samedi Saint

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Vendredi 10 Avril 2020 – Vendredi Saint

La plus grande leçon que Jésus nous donne pendant sa passion, c’est de nous apprendre qu’il peut y avoir des souffrances qui sont vécues dans l’amour et qui glorifient le Père.  Souvent, ce qui nous empêche d’avancer dans notre vie chrétienne, c’est que nous sommes en quelque sorte tentés en face de la souffrance.  Nous avons tendance à croire que la souffrance est toujours à écarter, qu’il ne peut pas y     avoir de sainte souffrance.  C’est que nous n’avons pas encore suffisamment expérimenté l’amour infini de Dieu, c’est que le Saint Esprit n’est pas encore venu nous faire pénétrer dans le cœur de Jésus.  Sans l’Esprit Saint, nous sommes incapables de deviner comment il peut exister un amour plus fort que le mort, non pas un amour qui empêche de mourir, mais un amour capable de sanctifier la mort, de la pénétrer, de faire qu’il existe une mort qui soit sainte :  la mort de Jésus et toutes les morts qui sont unies à la sienne.

Jésus peut nous faire parfois connaître les souffrances de sa propre agonie et nous faire comprendre en même temps que nous avons à les accepter, que nous n’avons pas à les fuir :  il nous demande d’avoir le courage de rester avec lui, et tant que nous n’avons pas ce courage, nous ne pouvons pas trouver la paix de son amour.

Dans le cœur de Jésus, il y a une unité extraordinaire entre l’amour et la souffrance.  Les plus grands saints le comprennent si bien qu’ils se réjouissent de souffrir pour être plus près de Jésus.

Demandons humblement à Jésus d’être prêts, quand il le voudra, à communier à ses souffrances.  N’essayons pas de les imaginer, mais si nous ne nous sentons pas prêts à les vivre maintenant, prions pour ceux à qui Jésus demande de les vivre, ceux qui continuent la mission de Marie, ils sont les plus faibles, et c’est eux qui ont le plus besoin d’être soutenus.

P. Joseph Hunt


Méditation du Mercredi 8 Avril 2020 – Mercredi Saint

Alors que le Carême s’achève bientôt, la lumière de Pâques pointe à l’horizon. Les célébrations de la Semaine Sainte nous invitent chaque année à célébrer le mystère de la foi, non pas comme une répétition sans cesse reprise, mais comme le sens de notre présent, comme une mémoire active qui nous révèle à nous-mêmes.

Bien sûr cette année la Semaine Sainte connaît un aspect tout à fait inédit, nous sommes privés de liturgie. Mais tout n’est pas perdu : en accompagnant le Christ jusqu’au bout de son amour pour nous, nous sommes invités à une réciprocité qui projette une lumière nouvelle sur notre propre destinée et sur celle de notre monde. Cette semaine ne sera sainte que si nous la sanctifions, si nous laissons le Christ irriguer nos terres arides, si nous consentons à ce que sa sainteté soit contagieuse.

En cette fête de Pâques, je peux expérimenter à quelle vie je suis appelé : non pas une vie qui consiste à survivre ou à vivoter, une vie que je gaspille parce que je la crois inépuisable, mais une vie donnée à Dieu et aux autres avec une générosité prodigue parce qu’elle est éternelle.

La résurrection de Jésus est l’événement qui bouleverse définitivement l’histoire de notre humanité. Cette résurrection est le gage et le garant de la nôtre. Le mystère pascal nous plonge dans l’amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, dans la puissance de l’Esprit. Ce mystère n’est pas donné comme une réalité à contempler de l’extérieur puisque nous y avons part au titre de notre vocation baptismale. Le fruit le plus pur de cette aventure spirituelle est la Joie, non pas celle que l’on s’accorde à soi-même, mais la seule qui comble vraiment parce qu’elle est à la dimension de notre cœur, un cœur capable de Dieu.

Père Philippe Desgens


Méditation du Mardi 7 Avril 2020 – Mardi Saint

P. Luc Reydel


Méditation du Lundi 6 Avril 2020 – Lundi Saint

Méditation du lundi Saint 6 avril 2020

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Dimanche 5 Avril 2020 – Dimanche des Rameaux

Jésus est ce serviteur présenté dans le livre d’Isaïe, comme celui qui se laisse instruire. Lui, la parole de Dieu faite chair, a accepté de se taire, de ne pas résister lorsque le cri de ses ennemis s’est fait si pressant. Lui, le Fils de Dieu, ne s’est pas dérobé aux outrages qui lui étaient adressés comme à un esclave.

L’humiliation de la Passion l’a rendu le plus proche de tous ces malheureux, qui n’en peuvent plus, de tous les isolés abandonnés de leurs frères. Sur la croix, ses bras étendus rassemblent tous les humiliés de la terre, dans un geste sauveur. Et les injures qui lui sont adressées, les accusations de blasphème apparaissent dérisoires.

Elles ne font que susciter la foi naissante des premiers croyants qui discernent déjà que Jésus est un martyr, un témoin de l’amour de Dieu plus fort que la mort : défigurer par les hommes, il est déjà transfiguré par le Père, élevé dans la gloire. Désormais, toute langue peut dire : Jésus est Seigneur à la gloire de Dieu le Père !

P. Joseph Hunt


Méditation du Samedi 4 Avril 2020

Je vous invite à lire aujourd’hui la première lecture de la messe du jour. C’est le prophète Ezéchiel. Des bords du fleuve de Babylone, là où leurs bourreaux demandaient aux Hébreux de chanter des airs joyeux et quelques chants de Sion (cf Ps. 136), il se met à espérer que Dieu, berger du troupeau, rassemblera Israël divisé et dispersé. Les exilés en Mésopotamie n’ont plus leur terre, leur Temple, la fierté d’être le peuple que Dieu a suscité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Même la grande séparation qui avait eu lieu entre les Hébreux du Nord et les Hébreux de Sud quatre siècle auparavant sera, – on ne sait comment-, résorbée.

Cette étape de la vie d’Israël me parait pleine d’enseignements pour la période que nous vivons : nous sommes loin de nos églises, dispersés dans nos propres maisons, espérant le retour de jours plus favorables. Cet exil domestique peut puiser des ressources inconnues de la foi. Ezéchiel raconte que lorsque le peuple est parti en exil, la présence de Dieu a quitté les ruines du Temple de Jérusalem et est invisiblement parti avec les exilés.

Qui sait si Dieu ne nous a pas accompagné dans le confinement de nos foyers ?

P. Antoine Devienne


Méditation du Vendredi 3 Avril 2020

« Dieu est Amour » : lorsque nous disons cela, nous n’ajoutons pas un qualificatif de plus à Dieu, comme lorsque nous disons qu’il est bon, tout-puissant, éternel…

Dire que Dieu est Amour, c’est exprimer la totalité de son être… d’une certaine façon, tout est dit !

Tout est dit et pourtant c’est un acte de foi difficile qui nous est demandé… difficile parce que ce n’est pas forcément l’expérience que nous en avons. De nos jours, il pèse un très lourd soupçon sur cette affirmation.

Dire que Dieu est Amour signifie qu’il nous a créés par amour et qu’il veut notre bonheur, il veut que nous soyons heureux. Et l’homme moderne refuse souvent de croire cela. Alors nous courrons après autre chose. Méconnaissant la promesse de Dieu, nous courrons après des bonheurs fugitifs, des joies éphémères.

Dieu, qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain. Car l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est lui-même Amour.

Livrés à nous-mêmes, à nos seules forces, nous aimons mal. L’amour vient de Dieu. Pour savoir aimer, il faut savoir comment Dieu aime, il faut le contempler dans sa paternité à notre égard. Il faut accepter d’être son enfant et qu’il soit notre Père. Il faut consentir à se laisser aimer par Dieu.

Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier. L’initiative vient de lui. Son amour nous devance.

Dieu ne nous dit pas : « si tu fais ceci, si tu fais cela, je t’aimerai »

Dieu nous dit : « Je t’aime, je fais de toi mon enfant et c’est parce que je t’aime que tu peux agir comme un enfant de Dieu ».

Dieu nous aime. Et il nous demande de croire à son amour. Et il nous donne la force d’aimer.

Lorsqu’il vient de Dieu, l’amour n’est pas un vague sentiment qui aujourd’hui est là et peut disparaître demain… C’est une force, un dynamisme qui mobilise tout l’être.

La sainteté n’est pas faite pour les forts, elle est faite pour les petits qui découvrent dans l’amour que Dieu leur manifeste qui ils sont : fils et filles de Dieu

Les saints sont des blessés que l’amour a guéris, des faibles à qui Dieu donne la force d’aimer.

Père Philippe Desgens


 

Méditation du Jeudi 2 Avril 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Mercredi 1er Avril 2020

Méditation du 1er avril 2020

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Mardi 31 Mars 2020

St Jean 8, 21-30

La semaine sainte approche et Jésus nous presse de l’écouter.  Demandons à l’Esprit Saint de nous faire entrer pleinement dans cette parole si grave : Si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans vos péchés.  Demandons une foi vivante, une foi aimante en Jésus, Fils éternel du Père, la foi qu’il attend de la part de tous ceux à qui le Père l’envoie.  C’est par cette foi dans le Fils de l’homme élevé sur le bois de la croix que nous cessons d’appartenir au monde « d’en bas » qui est soumis au péché ;  c’est par cette foi que nous échappons à la mort dans laquelle le péché nous entraîne.

Jésus est pénétré de la pensée de sa Croix toute proche :  à cette lumière il est poignant de l’entendre ajouter : « celui qui m’a envoyé est avec moi, il ne me laisse jamais seul.  Nous savons pourtant l’âpre délaissement qu’a éprouvé Jésus durant son agonie au jardin des Oliviers, et cette parole si mystérieuse qu’il a prononcée sur sa  Croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  Il semble que le démon et toutes les forces d’en bas se soient coalisés contre lui à ce moment-là dans un suprême assaut, comme pour lui faire croire que le Père l’avait abandonné.  Mais nous savons aussi que le Père ne pouvait pas vraiment le laisser seul, parce que Jésus fait toujours ce qui lui plaît. A l’heure des ténèbres quand le visage de son Père était voilé pour sa psychologie humaine, Jésus n’a pas reculé devant la mort :  il a fait la volonté du Père « jusqu’au bout », et le Père était avec lui, « se réconciliant le monde » avec lui.

P. Joseph Hunt


Méditation du Dimanche 29 Mars 2020

Les larmes de Jésus devant la mort de son ami Lazare sont les larmes de Dieu devant la mort de chaque homme. Dieu ne fait pas mourir, il ne rappelle pas à lui. Dieu n’entretient aucune complicité secrète avec le mal, la souffrance ou la mort. Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Chaque page de la Bible l’affirme : la mort est le lieu où Dieu n’est pas ! Cette perspective nous invite à revoir notre conception de la toute-puissance de Dieu.

La réponse de Dieu face au drame et au scandale de la mort, c’est la résurrection. En Jésus de Nazareth, Messie et Fils de Dieu, une force de Vie est donnée à notre terre. Dans l’Évangile, Jésus opère trois résurrections : le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre, le chef de la synagogue de Capharnaüm, et son ami Lazare. Bien sûr, ces résurrections ne sont pas définitives, il faudrait parler plutôt de « retour à la vie ». Seul Jésus est définitivement ressuscité. Dans l’évangile de Saint Jean, la résurrection de Lazare est l’événement qui va précipiter l’arrestation de Jésus, parce que le miracle a provoqué de nombreuses conversions.

Le moteur de la résurrection, c’est l’Amour. Ce que Dieu a fait pour son fils Jésus, il le fera pour chacun d’entre nous. Les résurrections de l’évangile en sont la promesse et le gage.

La foi en la résurrection s’affirme aujourd’hui en aimant la vie parce qu’elle est un don Dieu, en respectant la vie, y compris dans ses manifestations les plus partielles ou les plus blessées.

                                                                                     Père Philippe Desgens


Méditation du Samedi 28 Mars 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Vendredi 27 Mars 2020

« Voyons le résultat de sa vie »

Ce  passage  du  Livre  de  la  Sagesse  nous dévoile les  sentiments  et  les  attitudes  des méchants envers la vie et envers les justes. Il est compréhensible que la vie des justes soit insupportable pour eux,  non  seulement  parce  qu’elle est  très  différente de la leur, mais parce qu’ils se sentent interpellés par elle: «il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation».

Un  point  clé  de  cette  vie  différente  est  que  les  justes  «se  vantent  d’avoir  Dieu pour Père» et comptent sur lui en tout temps. Les méchants se défient. Ils vont soumettre le juste  à une épreuve définitive: «Condamnons-le  à  une  mort  infâme,  puisque,  dit-il, quelqu’un interviendra pour lui». Si Dieu est avec lui, il le sauvera et mettra à l’épreuve la bonté de sa vie. «Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires».

Il  nous  est  facile  de  voir  dans  ces  mots  la  mort  du  Christ  et  sa  résurrection  dans  ce passage  du  Livre  de la  Sagesse,  qui  a  été écrit  vers le  milieu  du  1er  siècle  avant  JC. Nous, les disciples du Christ, ceux qui veulent être justes selon la justice de l’Évangile, savons  que  le  même  sort  nous  attend. «Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre» (Jn.15,20)

«Je ne suis pas venu de moi-même:  mais celui qui m’a envoyé est vrai, et vous ne le connaissez  pas». Il  est  facile  pour  nous  d’appliquer  ce  qui  a  été  dit  dans la  première lecture du Livre de la Sagesse à Jésus-Christ. Les Juifs, principalement leurs autorités, ont déclaré la guerre ouverte à Jésus. « Ils essaient de le tuer. » Sa Parole, en plusieurs points, est très différente de ce qui a été révélé par les autorités religieuses du peuple juif et il les confondus plus d’une fois.

Ils pensent que Jésus veut détruire l’ancienne religion juive, celle qu’ils avaient reçue de Dieu par les patriarches et les prophètes. D’ailleurs, ils ne comprennent pas qu’il n’est pas  venu  pour  abolir  la  Loi mais  pour  l’accomplir: «Ne  pensez  pas  que  je  sois  venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir». (Mt 5,17). En tout cas, certaines personnes soupçonnent que Jésus, sur la base de ses paroles et de ses actions, peut être le Messie souhaité et attendu.

Nous connaissons l’issue de Jésus. Les chefs religieux de l’époque ont réussi à le tuer, le  clouant sur la  croix comme  un damné.  Mais  Dieu  le  Père  était  avec  lui  et  l’a ressuscité  le  troisième  jour: «Cet  homme,  livré  selon  le  dessein  bien  arrêté  et  la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois  par  la  main  des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir». (Ac 2,24)

Nous devons méditer en ce vendredi de Carême la vie, la mort et de la résurrection de Jésus. Car celui qui œuvre pour le bien finit bien; celui qui fait le mal finit mal. Celui qui suit Jésus et vit comme Jésus finit en Jésus, recevant le prix de la résurrection pour une vie de bonheur total et pour l’éternité.

P. Marie-Elie Haby


 

Méditation du Jeudi 26 Mars 2020

Les Juifs qui interrogent Jésus représentent la partie de nous-mêmes, qui, après avoir vu Jésus guérir l’aveugle-né et le paralytique, après l’avoir entendu nous parler de ses œuvres, le contraint de nous répondre sur la vérité de sa parole. Nos lenteurs à croire et à nous convertir se disent toujours dans nos exigences que tout soit justifié.

Mais Jésus, en bonne logique, ne tente pas d’avancer des « preuves » sur la vérité de son discours.  Il convoque des témoins : Jean, les œuvres que le Père donne à son Fils d’accomplir, le Père, en personne, et enfin, l’Écriture, qui lui rendent témoignage.  Cet appel à témoins opère un déplacement.  En effet, il est, désormais, seulement question d’accueillir sa parole.  En appelant ces témoins, Jésus nous oblige à nous situer nous-mêmes par rapport à la vérité de ce que nous sommes.  Ce qui compte n’est pas de prouver la vérité du discours de Jésus, mais de trouver la vérité de notre propre écoute.

Pour demeurer dans la parole du Père, pour demeurer dans son amour, il faut accepter d’être nommé et d’être appelé.  Accepter d’être soi-même un interlocuteur, de rester tourné vers ce visage, d’entendre la parole adressée. Finalement, notre cheminement de carême ne se résume-t-il pas à renoncer à l’illusion de pouvoir vivre par soi-même ?  Les témoins accréditent l’envoyé venu nous révéler le visage du Père ;  ils nous disent l’impérieuse nécessité de choisir de rester tourné vers le visage aimant qui nous invite à accueillir sa parole de vie.

Ainsi, le Père, lui-même, rend témoignage au Fils, d’une part par les signes qu’il lui donne d’accomplir, et d’autre part, par les Écritures. Mais pour recevoir, par la foi, la parole de Jésus, il y a une condition : aimer le Père : Lui obéir et vouloir le glorifier. En un mot : choisir d’être fils.

P. Joseph Hunt


Méditation du Mercredi 25 Mars 2020

Le premier jour de vie humaine du Verbe de Dieu,

Aujourd’hui notre attention est focalisée par l’évangile de saint Luc sur le récit de l’Annonciation. Nous voyons la rencontre entre le porteur de la volonté de Dieu, l’archange Gabriel et la liberté de la Bienheureuse Vierge Marie. L’investissement de la Sainte Trinité à s’associer la condition humaine, se présente dans toute sa force, et reste cependant suspendu à l’assentiment, à l’accueil de Marie. La logique de la Révélation fonctionne toujours de la même manière : Dieu prend l’initiative et se propose à la liberté de l’homme. Ce qu’il y a de fascinant est de constater le calme et le bon sens de la Vierge. La puissance de Dieu, aussi infinie soit-elle, respecte la liberté humaine.

Aujourd’hui est aussi la fête de l’Incarnation au sens strict du terme : 9 mois avant Noël, le temps d’une grossesse, le Verbe divin se fait chair dans le secret du sein de Marie. C’est le premier jour de la Nouvelle Alliance où dans la personne de Jésus, un œuf humain, puis un embryon, ensuite un fœtus et enfin un bébé, unit la nature humaine et la nature divine. C’est dans cette forme si dépendante de Marie, si fragile, qu’il pénètre dans la condition humaine. Il se nourrit du ventre de Marie, avant près de 33 ans plus tard de nourrir de son Corps et de son Sang eucharistiques les hommes de sa vie divine.

Aujourd’hui est le premier jour de la vie humaine du Christ. Il partage les mêmes commencements que les nôtres.

P. Antoine Devienne


Méditation du Mardi 24 Mars 2020

Le prophète Ezéchiel est un visionnaire. Son inspiration n’est pas faite uniquement de mots, de sentences ou de messages sonores que Dieu lui a insufflés. Il a devant les yeux de son imagination les scènes suggérées par le Très Haut. La plupart de ce qu’il « voit » n’est pas advenu, et appartient au plein salvateur divin. Cette inspiration est très importante pour Ezéchiel comme pour le peuple qu’il accompagne en déportation le long des rives du fleuve Kébar, non loin de Babylone. Il faut plus que des raisonnements pour espérer. Ezéchiel voit de loin le Temple de Jérusalem, dont il ne reste plus que cendres fumantes et des pierres calcinées depuis que Nabuchodonosor l’a fait incendier. C’est avec une vision qu’on fait espérer, quand le cœur s’empare de ce que l’intelligence peine parfois à saisir.

Il le voit à distance dans l’espace et dans le temps. Son regard transperce même la frontière qui sépare l’histoire des hommes des profondeurs de la pensée de Dieu. Le Temple qu’il voit ne sera pas celui reconstruit par Néhémie et Esdras près de 100 ans plus tard, celui qu’Hérode le Grand a fait agrandir, que le Christ a foulé de ses pieds, et que les Romains finiront une nouvelle fois à mettre à bas. Le temple qu’Ezéchiel voit est un Temple qui n’est pas fait de main d’homme. Sa vision voit une source qui sort de ce temple et qui vient vivifier comme un torrent de plus en plus grondant et impétueux les eaux insalubres de la Mer morte.

Ezéchiel voit comme en énigmes une réalité que nous contemplons tous les jours quand nous levons nos regards vers le crucifix : le Temple nouveau, non fait de main d’homme, est le corps du Seigneur Jésus, l’eau qui jaillit de son côté est la source du baptême, et les fruits excellents, la profusion des animaux, les remèdes sont les fruits que ce baptême est appelé à produire. Ezéchiel a bien vu, pas encore assez loin pour que la vision allégorique achève de céder la place à la réalité par laquelle nous avons été régénérés.

P. Antoine Devienne


Méditation du Lundi 23 Mars 2020

P. Luc Reydel


Méditation du Dimanche 22 Mars 2020

4ème dimanche du Carême
Ou
Dimanche de la joie

Peut-on oser parler de la joie en cette période difficile que nous traversons ? En ce 4ème dimanche du Carême et malgré la pandémie du coronavirus qui frappe le monde entier, l’Église nous invite à la joie, c’est ce qu’on appelle le dimanche du Lætare (se réjouir). Elle nous appelle à expérimenter une joie profonde, une grande allégresse car la Pâque approche. C’est aussi la joie des catéchumènes qui se préparent à recevoir le baptême la nuit de Pâques malgré les circonstances difficiles. Car pour nous chrétiens, le baptême nous arrache au pouvoir des ténèbres et du péché et nous offre de participer à la vie divine. Saint Paul nous le dit dans sa lettre aux Éphésiens : « Autrefois, vous étiez dans les ténèbres. Maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumières. » (Deuxième lecture).

Ce temps de Carême est une chance qui nous ouvre un chemin de conversion, surtout en ce temps de confinement imposé. Comme Jésus était cause d’une grande joie pour cet aveugle de naissance dont parle l’Évangile de ce jour à qui il donne la vue corporelle et spirituelle, il pourra l’être pour nous aussi. Nous sommes invités pendant ce temps qui nous est offert à sortir de notre aveuglement c’est à dire de l’endurcissement du cœur et des péchés. L’aveugle a cru et il a reçu la lumière du Christ.

Nous aussi, nous avons reçu la lumière de Jésus-Christ et il faut que cette lumière éclaire toute notre vie. Le Seigneur nous l’a déjà dit, « vous êtes la lumière du monde …De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,14 ; 16). Cette lumière doit briller par la sainteté de notre vie afin qu’elle attire ceux qui ne la connaissent pas encore. Elle nous aide à voir les personnes et les événements de la vie avec le regard de Dieu non pas à la manière du monde car « Les hommes regardent les apparences » (Première lecture). Comme l’aveugle guéri, nous deviendrons des témoins du Christ. Alors nous qui sommes maintenant dans la peine notre cœur se réjouira ; et notre joie, personne ne nous l’enlèvera. (Jn 16,22).

P. Marie-Elie Haby


Méditation du Samedi 21 Mars 2020

Si nous sommes honnêtes nous devons reconnaitre que nous avons tous une pente vers une certaine complaisance pour nous-mêmes.  Parce que nous pratiquons peut-être très fidèlement notre religion, à l’exemple de ce pharisien zélé, nous risquons de nous considérer comme des gens bien. Nous n’avons pas encore compris cette parole de Dieu dans Osée : C’est l’amour que je veux et non les sacrifices.  Au lieu de glorifier notre Père pour ce qu’il est, notre action de grâce regarde trop souvent ce que nous sommes ou pis : elle consiste à nous comparer avantageusement avec « le reste des hommes ». C’est ce jugement et ce mépris par rapport à ses frères que Jésus reproche au pharisien, autant que son attitude par rapport à Dieu. Supplions Jésus en ce carême de changer radicalement notre esprit et notre cœur, et de nous donner l’humilité du publicain qui lui a trouvé l’attitude et la prière justes en face de Dieu. Nous ne comprendrons jamais assez que notre amour est en stricte proportion de notre humilité. Ce que nous pouvons faire de mieux aussi saints que nous soyons est de nous humilier devant Dieu. Il y a des moments où l’action de grâce ne sort pas facilement de notre cœur, mais nous pouvons toujours faire la prière de Jésus : Sois indulgent au pécheur que je suis. Cette prière, Jésus l’exauce toujours. L’humilité n’a rien à voir avec un quelconque complexe de culpabilité ou d’infériorité. C’est une disposition d’amour. Elle suppose que nous ayons fait l’expérience que notre état de pécheur attire l’amour miséricordieux de notre Père, car « celui qui s’abaisse sera élevé ». Elle suppose que nous soyons entrés dans l’esprit du Magnificat.

P. Joseph Hunt


Méditation du Vendredi 20 Mars 2020

L’évangile de ce jour (Marc 12, 28-34) nous replace au coeur de l’enseignement de Jésus…

Habituellement les questions posées à Jésus par les scribes et les pharisiens sont malveillantes et destinées à le mettre à l’épreuve. Pour une fois, il n’en est rien : « quel est le premier de tous les commandements ? » était une question débattue dans les milieux rabbiniques. Ce scribe reconnaît donc à Jésus compétence et autorité pour y répondre !

La réponse de Jésus est à la fois originale et pas originale du tout…

Pas originale parce qu’il se contente de citer la Parole de Dieu, plus exactement deux versets qui se trouvent dans deux livres différents de l’Ancien Testament. Le premier est extrait du Deutéronome (Dt 6, 4-5 ) « Ecoute Israël, tu aimeras le Seigneur ton Dieu… ». Il s’agit de la profession de foi juive (Shema Israël) que chacun doit réciter le matin au réveil et le soir avant de s’endormir… profession de foi qui réaffirme un monothéisme stricte et révèle que l’amour que Dieu demande doit mobiliser tout notre être (coeur, âme, esprit et force). Les juifs ont l’habitude de dire que nous devons aimer Dieu avec tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons.

Le second verset est extrait du Lévitique (Lv 19, 18) : prescription de l’amour du prochain.

La réponse de Jésus est cependant très originale parce qu’elle soude définitivement les deux commandements… au point que Saint Jean commentera dans sa Lettre (1Jn 4, 20) : « Si quelqu’un dit j’aime Dieu et qu’il n’aime pas son frère, c’est un menteur. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas ».

La réponse de Jésus révèle également que l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain doit avoir les mêmes qualités : gratuité et don de soi.

Décidément, il faut croire qu’aimer n’est pas si naturel à l’homme pour que Dieu en ait fait un commandement… le plus grand de tous les commandements !

Père Philippe Desgens


Méditation du 19 mars 2020

 Aujourd’hui, nous fêtons la saint Joseph. Alors que nous sommes cloitrés dans nos logis et résignés à une sorte de silence social, Il est assez étonnant de constater que nous partageons avec lui ce silence. En effet, dans les évangiles, il n’est jamais narré que saint Joseph eût ouvert la bouche. Nous ne connaissons aucune de ses paroles, et c’est bien par les actes qu’il est le plus éloquent. Il éclaire l’obéissance et la disponibilité de Marie par son propre engagement à servir le dessein divin de l’Incarnation. Il est le côté masculin et paternel de la sainte Famille, celui qui protégea l’Enfant-Dieu de la vindicte criminelle d’Hérode, celui qui prodigua l’éducation et la formation au travail du Seigneur, celui qui l’introduisit à la connaissance des Saintes Écritures, que même les gens modestes savaient lire à début de notre ère chrétienne.

Le silence de saint Joseph est plus éloquent que beaucoup de traités de théologie. Il nous invite à l’attention et à la vigilance intérieures, à être plus prompts à faire qu’à parler, à comprendre que notre vie familiale, amicale, sociale ou civique est appelé à être illuminée de l’intérieur par notre foi, plus qu’elle n’est agitée par les soubresauts de l’actualité ou de l’agitation.

Saint Joseph, priez pour nous,

Gardien de la Sainte Famille, veillez sur les nôtres qui se confient à vous.